L'écrivain algérien Boualem Sansal, dans sa maison, le 17 août 2015, à Bourmedes, à l'est d'Alger. afp.com/Farouk Batiche |
Po Bualemu, tri totalitarizma koja je zamislio Orvel (Okeanija, Evroazija i Istazija) su se danas spojila u jedinstven totalitarni sistem koji se može nazvati globalizacijom. Taj sistem, koji je na svom putu uništio sve kulture, naišao je na nešto sasvim neočekivano: uskrnuće islama. Islamski totalitarizam će nadvladati zato što se oslanja na božanstvo i mladost, koja se ne boji smrti, dok se globalizacija oslanja na novac i udobnost, stvari ništavne i prolazne.
U romanu „2084“, Sansal zamišlja zemlju Abistan, podvrgnutu okrutnom božanskom zakonu kome se ljudi mole devet puta dnevno, u kojoj su glavne aktivnosti beskrajna hodočašća i spektakli masovnih kažnjavanja. „Strah od Boga će biti jači nego strah od oružja“ a „Ljudi će moći da žive u oskudici. Biće im nephodne samo džamije da se mole, iz uverenja ili straha“, kaže autor.
Prenosimo u celini tekst iz L’Ekspresa, posvećen ovom romanu.
2084, le roman qui imagine l'islamisme au pouvoir en Europe
L'écrivain algérien Boualem Sansal publie ce jeudi 2084, roman inspiré du 1984 de George Orwell, imaginant le totalitarisme islamique l'emporter en Europe.
La mondialisation va conduire l'islamisme au pouvoir dans une cinquantaine d'années, notamment en Europe, prédit l'écrivain algérien Boualem Sansalqui publie 2084, un roman terrifiant inspiré du chef-d'oeuvre de George Orwell 1984.
"Orwell a fait une très bonne prédiction et on y est toujours", observe dans un entretien à l'AFP l'écrivain de 66 ans qui réside dans la petite ville côtière de Boumerdès, à une cinquantaine de kilomètres à l'est d'Alger. Selon lui, "les trois totalitarismes imaginés par Orwell (l'Océania, l'Eurasia et l'Estasia) se confondent aujourd'hui dans un seul système totalitaire qu'on peut appeler la mondialisation". "Nous sommes gouvernés par Wall Street", résume Boualem Sansal. Mais "ce système totalitaire qui a écrasé toutes les cultures sur son chemin a rencontré quelque chose de totalement inattendu: la résurrection de l'islam", analyse l'écrivain qui se dit "non croyant".
"Dans mon analyse c'est le totalitarisme islamique qui va l'emporter parce qu'il s'appuie sur une divinité et une jeunesse qui n'a pas peur de la mort, alors que la mondialisation s'appuie sur l'argent, le confort, des choses futiles et périssables", juge le créateur de "Abi" (père), le "Big Brother" islamique, délégué de "Yölah" sur terre.
"L'islamisme se propage aussi en Occident"
Si 2084, un roman écrit en français qui sort jeudi en France chez Gallimard, est une oeuvre de pure invention, Boualem Sansal estime que "la dynamique de la mondialisation musulmane se met en place". "Le terrain à observer est l'Europe. Après le monde arabe et l'Afrique, l'islamisme se propage aussi en Occident avec une présence physique de plus en plus visible de barbus, de femmes voilées et de commerces halal", décrit-il. L'écrivain Michel Houellebecq, souligne-t-il, a "fait" la même analyse dans son romanSoumission, où il imagine la France de 2022 gouvernée par un parti musulman.
Dans 2084, Sansal imagine un pays, l'Abistan, soumis à la cruelle loi divine d'un dieu qu'on prie neuf fois par jour et où les principales activités sont d'interminables pèlerinages et le spectacle de châtiments publics. "La peur de Dieu sera plus forte que celle des armes" et "les gens pourront vivre de peu. Ils auront juste besoin de mosquées pour prier, par conviction ou par peur", résume l'écrivain, dont les propos rappellent le projet mis en oeuvre par le groupe jihadiste Etat islamique en Irak et en Syrie.
Pour l'auteur du Serment des barbares, les Européens "se trompent sur l'islamisme comme ils se sont trompés sur le communisme" et sous-estiment la menace. Notamment à cause de l'autocensure sur la montée de l'islamisme, qui "tue le débat" alors que "le débat c'est comme une plante: si on ne l'arrose pas par la contradiction, il disparait".
L'écrivain laisse cependant poindre une note d'espoir en soulignant que "tous les systèmes totalitaires s'effondrent". "Après le règne de l'islamisme il y aura une nouvelle mondialisation mais je ne sais pas sous quelle forme", présume-t-il.
"La fin du pétrole conduira l'Algérie dans une situation indescriptible"
Imaginant le sort de son propre pays en 2084, il reste sombre. "Je ne sais même pas si l'Algérie existera en 2084 sous la forme d'un pays moderne relativement administré" car "la fin du pétrole va la conduire dans une situation indescriptible".
L'écrivain, honni tant par les islamistes que par le régime, juge par ailleurs "terrifiant" le flux des migrants algériens vers l'Europe et l'Amérique du Nord. "L'émigration est un vrai drame. Elle touche les riches, les hyper-diplômés. Quand elle atteint un certain seuil en volume cela veut dire que le pays ne peut être sauvé".
Boualem Sansal est jusqu'à présent resté en Algérie, où cet économiste a mené une longue carrière de fonctionnaire, en se souvenant que son pays "était très agréable à vivre" lorsqu'il avait lui-même "entre 20 et 30 ans". "Après, je n'ai jamais ressenti un besoin suffisamment fort pour me dire: 'Je fais mes valises, je m'en vais'. J'ai toujours eu la possibilité de voyager. Je peux émigrer à n'importe quel moment".
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